Le constat des nouvelles friches bâties agricoles fait suite à une étude conduite sur l’évolution du bâti agricole depuis les années 1960 en France pour l’association Maisons Paysannes de France (MPF) en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture. Douze régions étaient étudiées en France. Nous avions dans le cadre de cette étude pour mission d’assister l’association Maisons Paysannes de France dans la rédaction de la synthèse nationale ainsi qu’en charge l’étude plus précise de la Bresse Bourguignonne en Saône-et-Loire.
En étudiant de nombreux bâtiments sur plusieurs exploitations agricoles, il apparaissait et notamment dans les exploitations d’élevage ou différentes générations de bâtiments ont pu se succéder chaque décennie sur une même exploitation, que l’évolution rapide des activités agricoles entraine l’abandon d’un nombre croissant de bâtiments construits après 1960. On se trouve ainsi face à une nouvelle génération de bâtiments agricoles perdant leur vocation, mais qui à l’inverse des bâtiments antérieurs aux années 1950 à 1960 n’ont aujourd’hui aucune valeur patrimoniale reconnue. Il nous semble cependant que leur diversité est importante et que beaucoup d’entre eux présentent un intérêt architectural non négligeable. Si une part très importante du bâti agricole d’avant 1960 a été largement réhabilité pour du logement très souvent, au point qu’actuellement très peu d’anciens bâtiments agricoles n’étant plus sur les exploitations agricoles se retrouvent sans usages, le bâti agricole post 1960 apparaît comme le futur patrimoine rural qui sera certainement dans quelques années largement réhabilité et investi par de nouvelles populations.
Il convient ainsi d’imaginer (comme cela commence à arriver) la création de lofts dans d’anciennes porcheries industrielles des années 1980, des habitations dans des étables des années 1970, ou la récupération de vastes hangars ou étables en stabulation libre des années 2000 pour des équipements publics si certains de ces bâtiments récents viennent à leur tour à être abandonnés. Cette notion implique ainsi de porter un regard différent sur les constructions récentes agricoles et d’analyser leur diversité et la multitude de leurs formes.